Le Nouveau Testament, même Dieu que l'Ancien?

Le Sacrifice d'Isaac (Le Caravage? 1597, Musée des Offices, Florence)

La lecture de la Bible peut donner une impression de contraste :

  • 👉 D’un côté, dans l’Ancien Testament, un Dieu qui frappe, commande, punit ;
  • 👉 De l’autre, dans le Nouveau Testament, un Dieu qui aime, guérit, pardonne.

Certains lecteurs en viennent à se demander s’il s’agit bien du même Dieu.

Cette tension n’est pas nouvelle : dès les premiers siècles, des penseurs comme Marcion ont proposé de rejeter l’Ancien Testament, affirmant qu’il révélait un autre dieu que celui du Christ.

Mais cette idée a été rejetée par la tradition chrétienne, qui affirme l’unité de Dieu et la cohérence des Écritures.

Alors pourquoi cette impression de rupture ?
Et que signifie croire que le Dieu d’Abraham, d’Isaïe et de Moïse est le même que celui dont parle Jésus ?


🧭 1. Une pédagogie divine

Pour comprendre cette différence de ton entre les deux Testaments, il faut penser en termes de pédagogie divine.

Dieu parle à l’humanité comme un père parle à son enfant, selon son âge, sa maturité, sa culture.

L’Ancien Testament reflète une époque marquée par :

  • la violence,
  • les structures tribales,
  • les conflits de survie.

Dieu y agit à travers ces structures – sans tout cautionner. Il trace un chemin, il appelle, il éduque.

📜 Les lois parfois dures du Lévitique, les guerres racontées dans les livres historiques,
ne sont pas des prescriptions éternelles, mais des étapes dans une histoire de révélation.
La lumière est déjà là, mais comme à l’aube : tout n’est pas encore clair.


⚖️ 2. Une justice qui prépare la grâce

Dieu ne change pas, mais sa relation à l’humanité évolue.

Dans l’Ancienne Alliance, la justice prime :

  • ✅ bénédictions si l’on obéit
  • ❌ malédictions si l’on transgresse

Mais cette justice conduit à une prise de conscience : l’homme, seul, n’y arrive pas. Il a besoin d’un salut gratuit.

Le Nouveau Testament ne nie pas la justice : il l’accomplit autrement.
En Jésus, Dieu prend sur lui les conséquences du mal.

✝️ Ce que la Loi dénonçait, le Christ le porte, le guérit, le transforme.
Il mange avec les pécheurs, touche les lépreux, pleure devant la mort, pardonne à ses bourreaux.
Il nous montre l’exemple.


🏺 3. Le potier et l’argile

Une image peut nous aider : celle du potier, proposée à Jérémie (Jér 18,1-6).

Dieu est comme un potier. L’argile, c’est nous.

Au début, elle est dure, brute, imparfaite. Il faut la pétrir, casser, humidifier. C’est un travail long, patient, exigeant.

🕊️ Dieu n’a pas changé : c’est nous qui apprenons peu à peu à mieux reconnaître son visage.


🔍 4. Le message de Jésus n’est pas figé

Avant de mourir, Jésus annonce à ses disciples qu’il partira, mais qu’un autre viendra : l’Esprit Saint.

« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant.
Quand il viendra, l’Esprit de vérité, il vous guidera dans toute la vérité. »
(Jean 16,12-13)

💡 Jésus ne pouvait tout dire d’un coup. L’Esprit continue de nous faire avancer dans la compréhension de Dieu.

Ce qui change, c’est notre maturité spirituelle, notre capacité à le comprendre et à le suivre…

Heureux celui qui pleure