Le Diable : Profondeurs, tentation, enseignements

Carte du Tarot de Marseille : Le diable

Le Diable et ses symboles

Cette arcane représente un diablotin, mi-homme mi-bête, qui tient une épée par le tranchant.

L’épée représente la pensée qui distingue et qui tranche : il est donc question ici de pensée à mauvais usage…

L’épée est aussi le symbole de la Justice : Le Diable utilise les mêmes instruments (soif de justice, justification, argumentation…), mais contourne leur juste usage.

A ses pieds, deux petits personnages, mi-hommes mi-bêtes eux aussi, représentent les hommes et les femmes pris dans son jeu. Ils ne sont pas tout à fait hommes (l’homme étant fait »à l’image de Dieu ») ils sont aussi animaux : dominés par leurs instincts.

Le Diable comme étape initiatique

Comme toutes les arcanes du Tarot de Marseille, celle-ci est à multiples niveaux de lecture. On peut y voir bien sûr la réprésentation de nos démons, nos addictions, nos vices, qui nous empêchent de progresser.

Mais le Diable est aussi une étape initiatique, aussi nécessaire que toutes les autres. Pensons à l’épisode de la Tentation de Jésus, qui précède la partie la plus intense et la plus puissante de la vie de Jésus.

Cette arcane nous pousse à évoluer en conscience et en force. Elle est le reflet de notre esprit qui divise, mais qui divise parfois mal.

Pour se libérer, il faut comprendre les mécanismes en jeu. Le mal nous montre une source d’erreur, et c’est à la source qu’il faut aller.

Carte du Tarot de Marseille : Le Pape

 L’enfer, c’est les autres ?

Par exemple, nous voyons souvent le mal là où il n’est pas. Nous jugeons le comportement d’autrui comme mauvais, alors qu’en fait le mal est en nous. C’est le phénomène de « projection » bien connu de la psychologie.

En projetant sur les autres nos problématiques personnelles, nous nous coupons de l’autre.

Ou bien nous le forçons à rentrer dans une histoire qui ne le concerne pas -en lui attribuant l’étiquette du bourreau ou du sauveur par exemple-, ou bien nous le faisons fuir.

Il s’agit dès lors de comprendre quand le mal est en nous, afin de régler le problème en nous, ou quand le mal est en l’autre, afin de nous faire respecter et laisser l’autre régler ses propres conflits intérieurs.

 

Le Diable est un anti-Pape

En fait, on pourrait dire que le Diable est un enseignant, comme le Pape, avec lequel il partage de nombreux motifs :

  • assis à la même place devant deux petits êtres en contrebas
  • Le Pape tient une « férule » qui pointe vers le ciel, le Diable tient une épée qu’il tient vers le bas
  • Le Pape regarde ailleurs et les personnages le regardent : il nous pousse à regarder le divin. Le Diable nous regarde, et les petits êtres aussi : il nous pousse à regarder en nous même.

Sortir du cercle vicieux

Enfin, cette arcane est celle du conflit intérieur qui nous tient souvent enfermé dans un cercle vicieux.

Par exemple, nous pensons être trop gros, alors nous commençons à avoir un comportement incohérent avec la nourriture. Nous nous privons pour maigrir, puis nous défoulons deux fois plus. La culpabilité et la honte s’installent, et nous mangeons pour apaiser ces émotions…

Pour sortir du cercle vicieux, il s’agit de ne plus alimenter la frustration, trouver ce qui nous fait du bien, bref, nous tourner vers la Lumière.

Ainsi le Diable (XV) nous mène vers le Pape (V).

 

La force du Diable

Cette arcane représente aussi le désir de jouir de la vie : avoir de l’argent, profiter de la vie, faire la fête… En ce sens il n’est pas toujours mauvais.

Il nous apporte parfois la force de réaliser de grandes et belles choses, car la vie  terrestre ne peut pas être qu’efforts et abnégation…

Alexandro Jodorowsky lui fait dire, dans La Voie du Tarot:

“Je suis Lucifer, porteur de la Lumière. Mon don magnifique à l’humanité est l’absence absolue de morale : nul ne me limite. (…) Dans le fond du fond du fond, personne n’habite plus profond que moi. (…) Pas de paix avec moi, pas de petit foyer établi. Pas d’Evangiles pralinés. Je défèque royalement sur les oiseaux lépreux de la morale.”

Un film qui pourrait bien illustrer ces réflexions, ce serait Fight Club, de David Fincher. A regarder absolument, bien sûr…